Afin d’atteindre l’excellence les athlètes, jeunes et moins jeunes, ont besoin d’encadrement adapté. Les meilleurs entraîneurs devraient travailler avec les jeunes athlètes, puisque ces derniers ont besoin des meilleurs coaches pour leur apprendre les mouvements de bases et les habiletés motrices de manière optimale. Malheureusement, la majorité veulent travailler avec des athlètes professionnels parce que cela les fait bien paraître. Il n’y a pas de gloire à entraîner des enfants, une vidéo d’une série de fentes faites par un joueur de hockey de 13 ans ne donne pas autant de vue sur Instagram qu’une vidéo de plyométrie avec un joueur de la LNH. En raison de cette pensée, on voit de plus en plus de jeunes athlètes prometteurs âgés de 18-20 ans avec une capacité de mouvement médiocre. On ne reconnaît pas les meilleurs entraîneurs par le nombre d’athlètes professionnels qu’ils entraînent, mais bien par le nombre de jeunes athlètes qu’ils ont su aider à se développer afin qu’ils atteignent des niveaux d’excellence.
Quels sont les besoins des jeunes athlètes?
Est-ce qu’un adolescent jouant au football devrait faire de la plyométrie?
Est-ce qu’on devrait entraîner un athlète de niveau peewee de manière spécifique à son sport?
La réponse à ces questions est fort simple, les jeunes athlètes ont besoin d’apprendre à bouger avant tout, à maîtriser les mouvements de bases. Vous avez déjà tous entendu l’expression « on n’apprend pas à courir avant d’apprendre à marcher » c’est la même chose dans le développement athlétique, on ne devrait pas apprendre à sauter avant d’apprendre à atterrir.
Le problème?
Les jeunes veulent s’entraîner comme Sid The Kid : « Oui mais Crosby fait ça lui dans son entraînement, ça doit être bon » . Les parents et les médias sociaux ont sans aucun doute un impact négatif sur le développement des jeunes athlètes. Trop de parents pensent avoir un futur All Star entre les mains, ils veulent le meilleur pour leur enfant, ils voient ce que les joueurs professionnels font sur Instagram et veulent la même chose pour leur enfant.
Si toi, comme coach, tu fais bien les choses et tu veux leur faire maîtriser la base avant tout, et bien, ils risquent fort probablement d’aller voir un autre préparateur physique qui lui, va leur en faire faire des sauts et de l’haltérophilie. Vouloir aller trop vite et être trop spécifique constitue une erreur qui nuira assurément au développement à long terme des athlètes débutants voir même, intermédiaires. C’est aussi une des causes principales du pourquoi les jeunes arrivent à 18-20 ans avec des compétences motrices qui laissent à désirer.
Une des manières dont nous avons réussi à éliminer ce problème chez F.R.R.A.P. a été de commencer à filmer toutes nos évaluations. Par la suite, nous pouvons montrer aux parents et à l’athlète ses lacunes quand il atterri, quand il saute, quand il fait une fente statique, quand il fait un overhead squat avec un manche à balais. En expliquant par la suite pourquoi et comment on va améliorer cela avant de passer à l’étape suivante.
Trop souvent, des jeunes athlètes font des entraînements constitués de parcours de plyométrie, de sauts de toutes sortes et de mouvements complexes. La vérité? C’est de la poudre aux yeux et cela n’a absolument rien à voir avec l’entraînement spécifique et le développement athlétique.
Le développement des habiletés motrices de bases est le fondement de la performance sportive, peut importe le sport pratiqué et devrait être le seul côté spécifique de la préparation physique.
Dans tout les cas, si les mouvements de bases sont bien maîtrisés et que l’athlète progresse sur ces exercices, les acquis seront transférés aux sports.
Apprendre à sauter, ça semble idiot dit comme cela, mais c’est un réel problème. Premièrement, les jeunes athlètes ne savent pas atterrir et encore moins sauter de manière athlétique et efficace. Il ne suffit pas seulement que les pieds quittent le sol pour appeler ça un saut et que cela se transfère en situation de match. Une des erreurs que l’on observe le plus souvent est que, lors de l’atterrissage les genoux se déplacent vers l’avant, le tronc reste vertical, toute la tension se retrouve alors dans les quadriceps et le poids au niveau des orteils.
Avant d’apprendre à sauter, l’athlète doit apprendre à atterrir, amortir avec les hanches vers l’arrière, dans une posture athlétique de base, la tension au niveau de la chaîne postérieur, la ceinture abdominale bien engagé, etc. L’apprentissage de l’atterrissage se transférera par la suite sur le saut. Parce que si l’athlète atterri avec les genoux vers l’avant, dans 99 % des cas, lors de son appel avant de sauter, les genoux iront vers l’avant au lieu d’utiliser le pivot du bassin, ce qui n’est pas efficace comme technique, n’aura que très peu d’impact sur l’amélioration des performances et nuira au à la progression sur des mouvements plus complexes.
Un jeune athlète devrait d’abord apprendre à maintenir une position athlétique de manière isométrique en étant en mesure de bien contracter les muscles impliqués et comprendre comment et pourquoi les contracter, ensuite, en position de fentes apprendre à atterrir, amortir, sauter à la vertical, suivi des progressions de Squat. Avant de faire des mouvements complexes et/ou des parcours de plyométrie, un jeune athlète devrait obligatoirement maîtriser les mouvements de bases :
– Fentes
– Squat
– Over Head Press
– Pivot de hanche
– Traction
Tant que tu n’es pas en mesure de faire 12 chin-up avec le simple poids de ton corps, tu ne devrais pas ajouter de charge. Tant que tu ne sais pas atterrir, tu ne devrais pas sauter, tant que tu ne maîtrises pas le pivot de la hanche et la bonne technique de saut, tu ne devrais pas faire d’haltérophilie. Tant que tu ne peux pousser le poids de ton corps au-dessus de ta tête de manière stricte et contrôlé, tu ne devrais pas penser à faire de jeté et de Push Press, etc.
Faire faire des parcours de sauts à de jeunes athlètes, c’est beau sur papier, c’est cool sur vidéo, ça donne l’impression aux parents que leur enfant fait un bon entraînement pour améliorer ses performances, mais en réalité ça n’a aucun lien avec le développement athlétique à long terme.
S’amuser et faire l’acquisition des patrons moteurs de base, voilà les principaux objectifs que devrait avoir un plan de développement physique pour un jeune athlète.
Dans une deuxième partie, vous pourrez voir un exemple de progression d’exercice pour le développement athlétique à long terme de jeunes athlètes.
Michaël Chagnon, kinésiologue FRRAP, performance athlétique